Maëfarayn, ne trouvant pas le sommeil, avait rapidement revêtu une robe de soie légère bleue pâle et était descendue s'installer dans la Bibliothèque à la recherche d'un quelconque ouvrage intéressant dont elle n'aurait pas encore eu connaissance.

Tandis qu'elle s'attelait à remettre à leur place des ouvrages qui avaient été mal rangés, elle détecta l'arrivée de quelqu'un au Manoir grâce à une des runes de détection placées par ses soins.

Au début, elle n'y prêta pas attention se disant qu'il s'agissait probablement d'Ortis qui venait pour l'une de ses livraisons tardives et il se serait certainement rendu directement à l'entrée de service.

Cependant, elle fut surprise d'entendre quelqu'un frapper plusieurs coups à la porte et, n'entendant les pas d'aucun Argonien se dirigeant vers le hall d'entrée, elle décida de s'en occuper elle-même non sans maugréer un peu.

En ouvrant la grande porte en bois, l'espace d'un instant, l'inconnu put lire de l'étonnement sur son visage. Maëfarayn le détailla attentivement, de la tête aux pieds, avant de lui adresser la parole affichant un léger sourire.


- Ju'rohn, duhnadag... Salutations, voyageur... Êtes-vous sûr d'avoir frappé à la bonne porte... ?

Logren ôta son casque et le glissa sous son bras. Ses traits étaient tirés par la fatigue. Il observa brièvement la Dunmer et répondit.

- Bonjour, Dame. Je pense avoir un bon sens de l'orientation et j'ai suivi scrupuleusement le chemin qui m'a été renseigné. Je devrais donc être à Arador Dayn, demeure de Venim, n'est ce pas ?

Maëfarayn fronça légèrement ses sourcils, laissant transparaître à nouveau de l'étonnement. Elle s'exprima toujours un sourire aux lèvres.

- En effet vous avez un excellent sens de l'orientation... ou on vous a bien renseigné... ou les deux à la fois... *toujours souriante* Le Manoir d'Arador Dayn appartenant à la famille Venim n'est pas très aisé à trouver même pour les personnes de la région...

Elle continua de l'observer.

- Un Cyrodiilien qui souhaite parler... hmmm... au propriétaire de cette demeure j'imagine... ? Voilà qui est très étonnant... Puis-je vous demander votre nom... ? À moins que vous ne soyez qu'un simple messager...

Logren se raidit lorsque la Dunmer lui demande son identité.

- Je suis Logren Falco, Dame, sergent de la milice de la cité libre de Cheydinhal. Voici le sauf-conduit qui me permet de circuler légalement sur vos terres.

Logren tend un document à Maëfarayn.

- Il a été rédigé par un officier du Pacte qui nous aide à défendre la ville contre la Légion. Je n'agis pas en qualité de messager. Je suis venu rencontrer Venim de ma propre initiative, Madame.

Logren incline la tête en attendant la réaction de la Dunmer.

Tandis que Maëfarayn prit le document que Logren lui tendait, un serviteur argonien arriva en courant dans le hall puis s'arrêta d'un coup en réalisant qu'il était arrivé trop tard. Il s'inclina en attendant les consignes de la Dunmer.

Après avoir lu le papier, elle le tendit à l'Argonien :

- Donne ce document au Gaharikhan et dis-lui que serjo Logren Falco souhaite le voir... ! Tout de suite... ! Ne perds pas de temps... !

Elle s'était adressée à l'Argonien sur un ton froid et ferme. Le serviteur s'exécuta sur le champ et prit la direction de la salle des armes.

Elle s'adressa, à nouveau souriante, au Cyrodiilien :

- Logren Falco... Sergent de la milice... hmmm... Vous défendez votre ville contre la Légion... Une noble tâche... Cependant je me demande ce que le Maître de ces lieux, Ralen Venim, peut faire pour vous... À moins que ce ne soit vous qui puissiez faire quelque chose pour lui...

Elle prononçait ces mots comme si elle était en train de réfléchir à voix haute ne cherchant pas forcément une réponse de la part de l'inconnu qui se tenait face à elle. Tout en parlant, elle continuait de le regarder, comme si cela pouvait l'aider à obtenir des réponses. Ses yeux brillaient d'un éclat lunaire.

- Je sais qu'il ne porte pas dans son cœur les Cyrodiiliens... mais vous êtes peut-être l'exception qui confirme la règle...

Elle souriait toujours en ne le quittant pas des yeux, tout en employant un ton légèrement taquin où l'on pouvait déceler également de la curiosité.

Logren écouta patiemment Maëfarayn.

- Je veux parler à Venim, Madame, personne d'autre. Qu'il m'envoie sa plus belle servante est certes un geste qui m'emplit de fierté, mais ce que j'ai à dire n'est destiné qu'à ses oreilles. Une fois votre maître rencontré, j'aurai peut-être un peu de temps à vous consacrer, et ce sera un plaisir au vu de votre physionomie plus qu'avenante.

Logren sourit en attendant qu'on le conduise au maître des lieux.

Maëfarayn éclata de rire puis plongea son regard dans celui de Logren comme pour le sonder et ajouta d'une voix douce et ironique à la fois.

- À votre place, je me méfierais de la "belle servante à la physionomie plus qu'avenante" qui est en face de vous...

Elle marqua une pause, ne le quittant pas du regard.

- Mon nom est Maëfarayn Ihrfihn, Mage de la Grande Maison Telvanni... et je ne suis au service de personne... et encore moins de vous...

Elle gardait son sourire, un sourire ironique, provocateur...

- Quant à Ralen Venim, il ne va pas tarder à arriver... mais en attendant je crains que vous ne deviez... vous contenter de moi... ?

Logren rit.

- Offrez moi à boire et à manger, et je vous assure que je me contenterai largement de vous en attendant le maître des lieux, Dame Ihrfihn.

Logren fit un pas pour entrer dans la demeure.

C'est ce moment-là que le serviteur argonien choisit pour revenir. Il s'inclina et, sans lever le regard, annonça timidement :

- Le Gaharikhan vous attend tous deux dans la Salle de l'Âtre, sera Ihrfihn.

Maëfarayn fit un léger geste de la main au serviteur pour qu'il s'en aille avant de s'adresser à nouveau au Cyrodiilien avec un charmant sourire.

- On dirait bien que notre tête à tête vient d'être repoussé à plus tard, serjo Falco... Ce n'est donc que... partie remise...

Gardant son air taquin et provocateur, elle l'invita à entrer et à fermer la porte derrière lui ; puis, vérifiant qu'il était en train de la suivre, elle se dirigea vers la Salle de l'Âtre dans un léger bruissement de soie.