Tout a commencé par un impérieux chuchotement dans les ténèbres, s’insinuant avec fourberie dans l’esprit d’esclaves prêts à trahir pour un dieu vexé. Puis un millier d’yeux agités s’ouvrirent ensuite, répandant une lumière verdâtre sur un immense mécanisme dwemer. C’était la machine que nous avions tout juste découvert dans les profondeurs de la cité souterraine… Elle semblait inachevée et des centaines d’âmes en peine s’affairent dans ses entrailles dans une palpable atmosphère de secret et de non-dit. C’est alors qu'une voix perça le silence, grave et inquiétante, le sombre maître ne donna qu’un ordre : “
Je veux savoir !”
Aussi brutalement que la voix s'évanouit en même temps que les yeux se fermaient, l’obscurité prit une nouvelle forme, l’espace se rétrécit et c’est vers une caverne inconnue que je voyageait. Il faisait très chaud et les murs irradiaient par endroit d’une lueur rougeoyante. Un dunmer se tenait là, vieilli mais encore fort, ses yeux de verre s’illuminèrent soudain d’un vif éclat cramoisi… Devant lui, enclavé dans la roche noire et brûlante, gisait une formidable gemme semblant renfermer une flamme impérissable. Même au travers du prisme de la vision, sa lumière me saisit et envahit mon esprit tout entier. Je la vis scintiller dans la multitude étoilée, embraser un ciel chaotique, je la vis soulever les mers et fendre la terre, je la vis ternir la vie, corrompre le divin et, enfin, je la vis briller dans les mains grises d’une sainte déchue et sans lignée. Dans ses mains, gemme et sang ancestral ne formant plus qu'un, je vis là l'ultime sacrifice.
Cette image resta figée en moi, comme gravée sous mes paupières tandis que tout redevint ténèbres et silence. La caverne et le dunmer avaient disparu, la lumière s’était éteinte et seul un calme serein régnait en moi. C’est à ce moment précis qu’elle s’adressa à moi… Sa voix, que je n’avais jamais entendu, résonna et se répercuta en de nombreux échos proches ou lointains. Cette voix d’au-delà, dont j’avais maintes fois lu les dires et les préceptes, dont mes aïeux m’avaient tant parlé, la voilà qui me parlait à présent… Cela ne faisait désormais plus aucun doute, la déesse Azura avait quelque chose à me dire.
“
Les plus vastes océans naissent d’une simple goutte. A l’aube de cendre, l’ancien monde fera place au nouveau. Pour cela, un songe doit s’arrêter tandis qu’un traître doit survivre. Le fragment est la clef.”
Mon esprit chancelait, mes pensées divaguaient face à de telles paroles, mais si la voix se faisait de plus en plus lointaine et inaudible et que la lumière et les forme de notre monde commençaient à reparaître, je pus entendre les derniers mots de la déesse qui, dans le plus grand mystère qui la caractérise, me répéta l’un de nos plus anciens préceptes :
“Sous le manteau de mort, subsiste le chemin de la vie.”
Ainsi pris fin cette transcendante expérience, ainsi s’acheva la vision à laquelle, semble-t-il, ceux de mon nom sont destinés. Dans la pénombre de la cité dwemer, entourés de mes compagnons inquiets, je me réveillait bouleversé et incertain. Quel est le sens de ces images et de ces paroles ?... Quel enseignement faut-il en tiré ?... Maintenant que je pose enfin ces événements sur le papier, je commence à peine à entrevoir des éléments de réponses.