Huthgar s'amusait interieurement de la prestation théatrale de Ralen, tout comme de la menace sous-jacente du valet rougegarde.

- Votre réaction ne me surprend pas. J'étais venu pour vous tester. Malgré vos airs civilisés, vous exploitez les autres avec un certain talent, tout comme les esclavagistes que vous étiez il n'y a pas si longtemps.

- Le Martelame sous votre toit -"mon congénère", comme vous l'appelez- me semble en être un bon exemple -désignant le nordique dont l'odeur d'alcool embaumait toujours la pièce-. Peut etre son père vous l'a t'il envoyé pour l'endurcir ? Cela me parait étonnant.

- Quoi qu'il en soit, j'avais quelques doutes sur une rumeur vous concernant; j'étais donc venu pour m'en rendre compte par moi même, lorsque je suis arrivé devant votre porte...

Huthgar sorti alors un bout de parchemin d'une de ses poches, et le lança en direction de Ralen. Le nordique l'avait arraché du panneau à l'entrée de la demeure. A demi-ouvert, on pouvait y lire en entête le mot "restriction".

- Je dois admettre qu'au moins les choses sont claires : renier son héritage, son honneur, ses croyances, son identité et ne servir que votre personne ne fait pas parti de ma conception de l'égalité et de la coopération.

Après une pause de quelques secondes, d'un air sarcastique, Huthgar fit une ébauche de courbette avant d'enchainer sur "votre seigneurie...".

Puis il prit la direction de la sortie, la main sur sa hache, prêt à toutes éventualités.

Il n'oubliait pas que les dunmer étaient réputés pour leur esprit calculateur, leur fourberie et autres manipulations dont ils avaient le secret. Tout était bon pour arriver à leurs fins. Et à ce jeu, ils étaient certainement les meilleurs.

Ralen observait le Nordique vociférer ses remontrance en buvant calmement sa tasse de thé. Voyant que ce dernier prenait la direction de la sortie sans demander son reste, il fit signe à Kar'Azim de le laisser partir.

Lorsque en guise de dernières paroles le Nordique lui adressa un "votre seigneurie", Ralen lui lança sans plus de cérémonie qu'un au-revoir :

Vous pouvez disposer.

Gisant encore une fois sur un tapis, Sibjarn n'avait, encore une fois, pas l'esprit clair. Mais cette fois ce n'était pas à cause de l'alcool, il en était sûr. Une vilaine douleur irradiait de son front et ça, il ne l'avait pas vu arriver.

Tentant de rassembler ses esprits avant de faire le moindre geste qui pourrait se révéler plus douloureux encore, le jeune nordique récapitula mentalement les derniers événements : un nordique était arrivé dans la bibliothèque... Il lui avait offert à boire... de l'hydromel Voljar en plus! .... et l'autre l'avait mis à terre.... ça aurait pu être un belle mise en jambe pour apprendre à se connaitre à la nordique, boire et se battre, si l'autre avait au moins bu une rasade... Là ça ressemblait plus à une agression et Sibjarn ne comprenait toujours pas... Par contre il comprenait bien cette colère qui commençait à monter.

Toujours à terre, il commença à remarquer un peu d'agitation autour de lui et de son assaillant, mais il avait l'esprit encore trop embrumé pour comprendre plus que quelques bribes... chien... Martelame...
Était-ce de lui qu'on parlait? Sa colère monta d'autant plus qu'il ressentait maintenant la tension qui régnait dans la pièce.

Entendant des pas de bottes, il ouvrit les yeux et vit le nordique s'éloigner. D'un grognement que n'aurait pas renié une maman troll devant son rejeton qui poussait son premier cri digne de ce nom, Sibjarn se releva brusquement en se jetant sur l'autre nordique qui s'était arrêté dès qu'il eut remarqué ses mouvements.

Mais il s'arrêta juste avant de l'atteindre, se rappelant qu'il était dans la bibliothèque d'Arador Dayn et non dans une taverne. Après tout il était ici pour apprendre un peu de "sagesse" et ne pas laisser tout le temps ses nerfs parler pour lui... et si ça ne suffisait pas, il irait déclencher une bagarre en taverne pour se défouler...

Reprenant lentement son souffle, Sibjarn fixait son agresseur en se caressant l'arrête du nez, fort douloureuse au demeurant. Pas cassé, mais ça n'avait pas été loin. Respirant enfin plus calmement, il écrasa son doigt à plusieurs reprises contre le torse plastronné et postillonna au visage du guerrier :

- "Mais qu'est ce que tu es venu faire ici?! Tu débarques, je t'offre même à boire, et du bon en plus, et toi tu m'attaques?! Où est donc passé ton sens de l'honneur et de l'hospitalité nordique, buveur de lait?"
Sentant la colère continuer à monter, il enchaina
- "Et tu la boucles! Si tu n'es pas content, on règlera ça dehors à la nordique! A moins que monsieur le buveur de lait, préfère attaquer en lâche par surprise comme il vient de le montrer!"