Interloqué par tant de cérémonie à son égard, Zairan resta béat un instant. Personne ne l'avait ainsi appelé de toute son existence. Serjo... Il finit par sourire franchement, flatté. Dès l'instant où le vieux Dunmer fit son apparition, le Cendrais s'inclina un peu maladroitement, Avec grand respect cependant.
- Tout à fait, c'est bien comme cela que je me prénomme. Ravi de vous rencontrer, Vebak. Mon thé est pour le moins exquis et subtil en bouche. Et je parle avec toute l'impartialité qui m'incombe. Je serais enchanté d'en partager quelques tasses en votre compagnie.
Lorsque Maëfarayn l'invita à entrer , Zairan s'agenouilla pour se retrouver face à l'animal. Empli de tendresse, il lui grattouilla le crâne. Le jeune homme semblait tout à coup baigner dans la compassion. Il lança un chuchotis à l'adresse de son chien, inaudible pour les deux protagonistes qui l'accueillaient.
- Je regrette, Daeljuhn. Tu vas devoir m'attendre bien sagement. Ta place est au chaud, incontestablement... Mais pour le moment, ce n'est pas moi qui fixe les règles, tu t'en rends bien compte. Sois serein, ce n'est qu'une question de temps avant que je ne te trouve une place digne de ton rang.
Il se releva, visiblement mal à l'aise. Se grattant nerveusement le menton, et gloussant de manière assez niaise, il refit face aux occupants.
- Pardonnez-moi, Sanlud est particulièrement craintif quand je m'absente, je tâchais de le réconforter. Il n'importunera personne, c'est une brave bête. Allons-y, je vous en prie. Après vous.
Les trois comparses cheminèrent ainsi jusque dans un bureau. Le Vélothi s'installa tranquillement, avant de porter attention aux questions qui lui étaient posées. Se raclant brièvement la gorge, il prit alors un ton sérieux, et se lança dans un élan effréné.
- Pour être clair, mon vœux est d'exercer mon art dans des conditions bienséantes. Appelez cela comme vous voulez, je souhaiterais simplement m'appliquer aux cuisines de ce domaine. Que l'on reconnaisse enfin l'étendue de mes aptitudes en la matière. Il est difficile pour moi, vagabond Cendrais, de bien m'approvisionner en produits culinaires. Il s'agit pourtant de ma passion, et je ne saurais me pardonner de passer ma vie à côté. Si vous m'accordiez la chance d'émoustiller vos papilles, m'est avis que vous seriez loin d'être déçu. Et s'il faut endosser l'habit et le titre de domestique, alors soit.
Il marqua une courte pause, tâchant de discerner quelque peu l'expression de ses deux interlocuteurs. Il redoutait qu'on le reconduise à l'extérieur, pour manque d'ambition. Il se doutait bien que les visiteurs se rendaient en ces lieux pour y discuter de choses plus profondes, plus charnues.
- Je ne viens pas vous parler d'un quelconque projet visionnaire, ni vous couvrir de vestiges anciens. Ma volonté est élémentaire. Je m'efforcerai de mettre en oeuvre ce que l'on m'a appris et de redorer le blason du terroir Dunmer. Tout cela, à votre service. La fainéantise m'est inconnue, et le perfectionnisme reste mon ami.
Le jeune homme craignait d'en avoir trop fait, mais ses paroles provenaient du cœur, cela se sentait. Il porta son regard sur Vebak.
- Serjo, j'ai tout à l'heure reconnu en vous quelqu'un de serviable. Laissez moi l'être tout autant.
_________________ "L'esprit est une arme. Le corps son fourreau."
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