Cher
Ata 1,
J'espère que vous saurez me pardonner pour ces deux dernières semaines pendant lesquelles je vous ai laissés, vous et
Alma 2, sans nouvelles.
Il faut comprendre que je n'ai pas grand chose à vous raconter car les journées sont très longues et Cyian et moi, nous nous ennuyons beaucoup ici. Nos belles soirées bercées par la musique et les chants en honneur de Méphala nous manquent tellement... !
Nous savons combien il est important à vos yeux, à ceux d'
Alma et à ceux de Maître Kaldi, que nous montrions à votre ami, Maître Ralen -il n'a pas volé son nom... ! Quel râleur... !- que la Maison Ihrfihn est digne de confiance. Pour cela vous nous avez demandé de faire preuve de sagesse. Ce que nous faisons malgré le fait que cela nous coûte énormément. Nous passons beaucoup de temps dans la Bibliothèque très fournie de Maître Ralen -même si parfois la présence de certains livres nous a laissés assez perplexes- et j'ai même mis en place un classement qui reste à la disposition des invités. Cependant, vous pouvez vous douter que nous sommes toujours heureux de retrouver nos quartiers privés où nous pouvons nous détendre à notre aise sans avoir à subir le regard de notre hôte et son fidèle
Ygwàn qui surveillent chacun de nos faits et gestes... !
Ce matin, pour changer un peu de notre ennui habituel, Cyian et moi avons décidé d'aller faire quelques emplettes à Cœurébène. Cela m'a permis, sur la route, de trouver quelques plantes pour mes potions. D'ailleurs, j'espère que vous serez fier de moi en constatant mes progrès et en voyant tout le soin que je porte aux plantes que je cultive sur la terrasse de nos quartiers privés... !
Pour reprendre mon récit, vous ne pouvez pas imaginer combien d'
Ygwàns, totalement libres de leurs mouvements, nous avons rencontrés sur la route... ! Je ne sais pas si je pourrai m'y habituer un jour...
C'est justement d'un
Ygwàn que je voulais vous parler... ou plutôt d'une
Ygwàn. Nous l'avons rencontrée sur la route du retour, non loin des portes de la ville. Elle était dans un coin isolé avec un panier qui dégageait une odeur nauséabonde... ! C'est là que j'ai remarqué sa robe... ! Une
Ygwàn avec une robe... ! Quel besoin a-t-elle de porter une robe... ? Et surtout une si jolie robe... !
Je me suis arrêtée net et Cyian, grâce à quelques gestes de ma part à son attention, a très vite compris ce que je voulais : cette robe... ! Il me la fallait... ! Mon Frère-Aimé était déjà prêt à sortir son épée de son fourreau, mais en pensant aux promesses que nous vous avons faites, je lui ai demandé de me laisser faire.
Je me suis approchée de l'
Ygwàn et j'ai essayé de la saluer le plus poliment possible comme Maître Kaldi m'a si bien appris. Je lui ai même souri. J'ai parlé le plus lentement possible et je lui ai gentiment demandé de retirer sa robe, dont elle n'avait nul besoin, afin de me la donner. Face à son refus, j'ai essayé de lui faire comprendre, toujours aussi gentiment, que si elle prenait le temps de comparer sa silhouette disgracieuse à la mienne toute en courbes et sensuelle, ainsi que sa peau squameuse et répugnante à ma peau douce comme la soie et parfumée tel un pré au printemps, il était évident que cette robe n'avait rien à faire sur son corps ingrat.
Et bien,
Ata, vous comprendrez mon étonnement lorsqu'elle a refusé encore une fois mon aimable requête... !
Ma gentillesse n'ayant aucun effet sur elle, et remarquant son envie de partir sans me donner la robe, Cyian et moi avons échangé un regard complice. Dans la seconde qui a suivi, j'avais sorti ma petite fiole en cristal contenant ce puissant poison qu'
Alma m'a appris à faire, et Cyian avait sorti son épée. J'ai senti que sa rage était bien plus forte que la mienne et je lui ai laissé le plaisir de s'occuper de l'
Ygwàn. Il a saisi son épée par le fourreau et l'a assommée en lui assénant un coup bien senti à la nuque la faisant s'effondrer au sol. Profitant de sa perte de connaissance, je lui ai ôté la robe et ensuite, d'un geste rapide et efficace, nous l'avons jetée dans la lave !
Vous pouvez facilement comprendre dans quel état d'exaltation nous étions... ! Après tout, vous nous avez demandé de nous tenir en présence de Maître Ralen... mais cette fois-ci nous étions enfin seuls, tranquilles et libres de faire comme bon nous semblait... !
En rentrant dans nos quartiers, j'ai adoré -comme toujours !- servir de poupée vivante à Cyian qui s'est empressé de refaire des retouches dont il est le seul à avoir le secret afin d'adapter cette robe à mon corps... ! Cyian a fait une esquisse afin que vous puissiez juger par vous-même... ! J'ai hâte de me montrer ainsi vêtue au dîner ce soir, même si les invités du Manoir ne semblent pas apprécier ce qui est beau... ! Ils doivent être vraiment malheureux... !
Je vais devoir vous laisser car l'heure du dîner approche et Cyian se languit de moi... ! Nous tenons à fêter ensemble cette journée mémorable avant de rejoindre les autres convives... !
Vous embrasserez
Alma de notre part, voulez-vous... ? Et pourriez-vous également saluer notre Précepteur... ?
Quant à vous, je vous embrasse très fort, cher
Ata... !
Maëfarayn, votre fille qui vous aime