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 Sujet du message : Conte populaire du Lézard à trois queues
Message Publié : 29 Nov 2015, 02:58 
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Je m'applique à rapporter ici un conte populaire qu'un homme m'a une fois conté. Non seulement car il est toujours fascinant d'étudier la structure des fables des peuples primitifs qui révèle souvent beaucoup de choses sur leurs sociétés, mais aussi parce qu'un détail intéressant m'avait marqué alors que j'entendais ceci pour la première fois. J'y reviendrais brièvement à la fin de ce parchemin. Mais je ne veux pas trop m'attarder en explication et risquer de voir ma mémoire se dérober. Voici la retranscription qu'elle me permet d'en faire.

Llevndryn Sershilavu a écrit :
Quelque part dans les marais noirs, se tient un petit village fait de boue desséchée. Au centre des taudis tout de glaise entassée, entre les douces vapeurs à l’odeur faisandée, sied une taverne au nom bien inspiré. Le patron de ces lieux est un homme bienheureux. S’il vous vient à l’idée d’aller lui demander l’origine du nom sur l’écriteau miteux, il vous contera comment une flammouche chanceuse sirota tout le miel des bouteilles délicieuses. Car cet homme bienheureux raconte à qui veut bien l’entendre, l’histoire sans queue ni tête du soir ou débarqua une petite flammouche et une autre bien plus grande, et, foi d’un bienheureux, un lézard à trois queues !

Il commence son histoire dans les brumes du marais, où les volutes sombres atténuent chaque trait. Dans la grisaille opaque à couper au couteau, se distinguent, brillantes, les écailles d’un museau. Ce sont celles, encore lisses, d’un jeune lézard triste. Le pauvre s’est perdu et est loin de chez lui. Ce qui luit dans la brume l’a tiré jusque-là et il est maintenant seul, et bien dans l’embarras.

Mais alors que la chance semble lui faire faux bond, il aperçoit au loin une lueur familière : celle de la flammouche, la coquine qu’il chassait et à qui il aimerait tant demander le nom. Bondissant plein d’entrain vers la belle lumière, comme à son habitude il se laisse distraire. Et arrivé devant la charmante flammouche, il ne voit pas au coin la silhouette louche.

À son tour bondissant, l’étrange créature attrape par la queue le lézard affolé. Celui-ci, tout surpris, se la laisse tomber, et s’en fait aussitôt pousser une nouvelle. Agile, à cloche-pied, comme sur une marelle, la fine silhouette reprend son équilibre et saisit si tôt dit l’étonnante ficelle.

Jeux de mains et de queues, tout va plus vite qu’eux. Et quand finalement la silhouette l’emporte, le lézard en a trois accrochées au fessier. La flammouche malicieuse en a bien rigolé.

Entraînés entre les flaques bien loin dans le marais, la silhouette, la flammouche, le lézard à trois queues, arrivent à un petit village où sied une taverne. Épuisée, assoiffée, et le moral en berne, le lézard propose de s’y détendre un peu. L’idée d’une liqueur ravit le ravisseur, aussi tous trois franchissent la fine porte de bois.

Devant eux se présente un homme bienheureux qui écoute la commande de ces trois curieux. Mais alors que ceux-ci réclament leurs boissons, ma foi, il n’a le choix, il doit leur dire non. Le bienheureux explique aux biens étranges choses, qu’il ne peut pas servir les insectes qu’ils sont. La silhouette répond qu’il s’agit d’une armure, qu’en dessous sa peau est lisse comme la sienne. Le lézard quant à lui proteste et tient pour preuve trois queues que nul insecte ne saurait porter.

Et comme ils continuent à se disputailler, la flammouche, plus maligne, se glisse derrière le bar. Toute enivrée qu’elle est par l’odeur sucrée, elle sirote l’hydromel jusque tard dans le soir. Plus ivre que le plus ivre, elle devint une fée, celle virevoltante de la légèreté.

Les clients éméchés du « Lézard à trois queues » se disent, comme ça, entre eux, qu’elle vit dans les bouteilles, et que qui la boira verra mille merveilles.

Les personnages que ce conte met en scène, hormis la flammouche et le tenancier, sont, comme il est aisé de le deviner, un esclavagiste dunmer ayant capturé un Argonien, probablement lors d'un ravitaillement dans le Marais Noir. Peut-être se seront-il perdus – ceux qui ont déjà voyagé dans les marais du sud savent comme cela est facile – et auront-ils alors erré jusqu'à arriver à ce quelconque village boueux.

Cela posé, le détail qui m’intéresse et qui vous aura peut-être autant interpellé que moi, se trouve vers la fin, à l'antépénultième paragraphe. On y apprend que le tenancier a pris l'esclavagiste dunmer pour un insecte. Celui-ci confirme bien qu'il n'en est pas un quelques lignes plus tard en précisant qu'il s'agit de son armure et non de sa peau. Habitant de Morrowind, nous savons pertinemment qu'il est question ici d'une armure de chitine dont notre artisanat est friand. Mais ce que ces lignes révèlent et que nous ne prenons peut-être pas assez en compte, c'est que les autres peuples de Tamriel ne sont pas nécessairement au courant de ceci et peuvent même nous confondre avec de grands insectes. L'insulte passée, cette information pourrait être mise à notre avantage dans plus d'une situation afin de passer inaperçus ou même d'effrayer.

Reste que le tenancier a également pris l'Argonien pour un insecte. Mais sans doute ne s'agit-il que d'ignorance de sa part. On ne peut attendre d'un humain qu'il sache faire la différence entre un insecte et un reptile. Que ceux-ci racontent si librement des histoires véhiculant d'aussi sensibles informations nous montre bien que leur vigilance est facilement trompée.


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