« Shaali ! Ku’ay adur ohn ? Isk edur telsad ! Yagla ! »
Elitlaya Eraishaah, une Cendraise de la tribu des Erabenimsuun, parcourait le camp à la recherche de Shaali. Elle savait où la fillette avait l’habitude d’aller, mais cette fois-ci ses recherches furent vaines. Elle décida alors de demander à l’un des enfants qu’elle croisa s’il savait où elle était. L’enfant, intimidé et apeuré par la colère qu’il pouvait lire dans les yeux de la Cendraise, lui indiqua d’un geste de la main la sortie du camp, vers le sud.
Lorsqu’elle retrouva enfin la fillette, Elitlaya s’écria, en colère :« Shaali ! Combien de fois je t’ai dit de ne pas t’éloigner du camp sans me prévenir ? Et de plus seule ? »
Shaali ne répondit pas de suite. Elle était très concentrée, les yeux fermés, agenouillée par terre non loin d’une "foyada"
, une main tendue. Une sphère de lave s'en était détachée et flottait dans l'air en direction de la fillette. De plus, un bouclier magique, à peine perceptible par un œil peu familiarisé avec la magie, entourait complètement la fillette.
Elitlaya, sentant la quantité d’énergie magique entourant sa fille, s’exclama :« Mais que fais-tu ? Shaali ! »
Le bouclier se dissipa peu à peu, la sphère de lave retomba sur le sol, et Shaali ouvrit les yeux un grand sourire aux lèvres avant de se lever et de courir embrasser Elitlaya.« Alma ! Ohn adur diru ! Ohn talje’ag ? El baldefu’ag wah sut lo ! »
« Qu’est-ce que c’est que ces façons de parler ? Et réussi ? Mais réussi quoi ? »
« Mon sort ! Je vais encore m’entraîner pour qu’il dure plus longtemps et surtout pour que je parvienne à dégager encore plus d’énergie tout en maîtrisant le feu ! »
Les yeux de sa mère s’écarquillèrent, puis la colère et l’étonnement laissèrent place à l’inquiétude. C’est d’une voix posée, mais inquiète qu’elle lui parla à nouveau :« Shaali, je t’ai déjà dit que lorsque tu veux travailler ta magie, d’autant plus lorsque tu travailles sur un nouv… »
Shaali interrompit sa mère, enthousiaste, ses yeux rubis pétillant de mille feux.
« Oui, alma, un nouveau sort ! Je l’ai créé toute seule ! Je ne sais pas à quoi il pourra me servir, mais je suis sûre qu’un jour je comprendrai. Un jour je saurai. N’est-ce pas, alma ? »
Face à la joie et à l’enthousiasme de sa fille, Elitlaya la serra dans ses bras et l’embrassa avec amour.« Nei, Shaali. Mais maintenant promets-moi de faire attention. Je t’ai déjà dit que la magie peut être très dangereuse lorsque l’on ne maîtrise pas parfaitement un sort. Et il vaut mieux être près d’un Mage confirmé pour s’entraîner. »
La fillette acquiesça.« Je ferai attention, alma. Promis ! »
« Allez, viens. »
Elle prit sa fille par la main.« Notre Opumer nous attend et il ne faut pas la faire attendre. Aujourd’hui nous allons travailler sur l’absorption des sorts et je sais que tu aimes venir travailler avec nous, n’est-ce pas ? »
« Oh nei, alma ! »
« Un jour tu deviendras sûrement l’Opumer de notre tribu. Tu as le potentiel pour le devenir. Tu es naturellement très douée ».
« Oh bahr, alma ! C’est toi qui deviendras Opumer ! La Mabrigash m’a dit que mon futur sera loin de notre tribu ».
Elitlaya regarda quelques instants sa fille sans rien dire, puis l’entraîna avec elle vers le camp.