Premier jour en Resdayn
« Par les Trois ! ...mais c'est vous le paquet ! »C'est par ces mots que j'ai compris que débutait ma quête en Resdayn.
Res pour la fable,
Dayn pour l'Aube. Dans mon esprit, sous cette dénomination, la patrie des Dunmers apparaît comme un immense parchemin où s'écrit leur histoire. Le maître de l'Ordre, celui qui m'a accueillie à mon arrivée sur la terre ferme, m'a assuré que l'aurore et le crépuscule jouaient des rôles importants au regard de son peuple. Le début et la fin...? Je n'ai pas osé lui dire que l'important n'était jamais tant d'où l'on venait ni où l'on allait, que la façon dont l'on voyage. Dont l'on vit sa vie.
C'est une leçon que j'ai apprise un peu trop durement.
Le premier lieu où nous avons été était une foutue guilde des mages. C'est là-bas, dans son ambiance feutrée où je me sentais ainsi qu'un mammouth dans une fabrique de poteries, que nous avons réellement échangé. Sur l'Arador Dayn, sur les raisons de ma venue en ces contrées. Je ne lui ai pas dit la vérité - comment l'aurais-je pu ? -, du moins toute la vérité : je ne suis après tout guère capable de mensonge, seulement d'omission. J'ai senti dans l'acuité de ses yeux couleur de braise combien il me sondait, et je suppose qu'il a simplement décidé de m'accorder le bénéfice du doute.
Le temps nous dira la vérité. Il la dit toujours.
Pour l'heure, j'ai trouvé refuge dans cette auberge de Cœurébène ; j'entends depuis l'étage le brouhaha diffus de la grand'salle. Même les taciturnes elfes noirs peuvent se laisser aller à des éclats de rire et des discussions animées lorsque l'alcool coule dans les verres. À mes pieds, Tyr s'est roulé en boule et pousse un soupir de contentement à intervalles réguliers : ce goinfre a dévoré la brochette de guar du tenancier en quelques coups de crocs. Je crains que l'argent emporté pour mon périple ne risque d'être un peu juste.
J'ai bien écouté les recommandations de mon hôte et désormais... chef de clan, en quelque sorte. Demain j'arriverai au manoir, selon ce qu'il m'a indiqué.
Va à l'Ouest et dépasse la cité fortifiée de la lande de Kragen.
Toujours en gardant le soleil dans mon dos, atteindre l'antique Oratoire des plantations de Sathram.
Puis vers les marches du monde, gagner les cols cendreux : au bout du sentier, je trouverai la demeure de l'ordre. Ce ne sera pas un problème. Je suis fille de Bordeciel, les nuances de l'empyrée ne sont pas si difficiles à déchiffrer lorsqu'il s'agit de trouver mon chemin.
Du moins en étant sobre.
Comment s'appelle ce que j'ai fait monter, déjà ? Sujamma...
Quelque chose comme ça.
Je vais en verser un peu dans un broc, devant le museau de Tyr. Une petite voix me dit que ce qui nous attend ne sera pas de tout repos, alors autant en profiter avant que les choses sérieuses ne commencent !
Puisse Kyne guider nos pas, Shor garder nos âmes.