Félon, traitre, impie, renégat, manipulateur... C'est ainsi que ses pairs nommaient familièrement Asanotis il y a de nombreuses années. Mais il existe un moment de la vie -certains l'appellent la croisée des chemins- où tout ce qui s'est noué doit se dénouer, fut-ce au prix du sang et des larmes. Une minute qui résume toutes les autres. Une fin qui n'est peut etre qu'un début... * * *
Perché sur la baume de la voile, le dunmer tenait fermement le cordage. Le bateau rapide et équilibrée à la perfection était manoeuvré par un équipage hors pair. La mer était agitée. L'embarcation plongeait dans les creux et resurgissait sur la crête des lames en soulevant de grandes gerbes d'écume.
Asanotis, les traits marqués et dont la fougue de la jeunesse n'était plus qu'une ombre, respirait avec délices les embruns chargés d'odeurs marines. Quelle merveilleuse sensation, que de rebondir sur les vagues !
Ses yeux bleu-gris, rare pour un dunmer, scrutaient l'horizon. Parti de Vvardenfell, le navire n'allait pas tarder à arriver à destination.
* * *
Quelques jours plus tard, le dunmer arpentait la région des éboulis à la recherche d'informations.
Habituellement solitaire et peu bavard, il lui fallait faire preuve de sagesse. Aussi se resout il à capturer un argonien rencontré au hazard d'un chemin, usant d'un stratagème simple mais terriblement efficace : un sort de sommeil.
Attaché à un rocher, les cris étranglés et plaintifs du captif ne changeraient rien à son triste sort. Du reste, celui ci n'avait hélas pour lui pas grand chose à dire. Malgré tout, ce moment rappelait au dunmer la nostalgie des temps anciens.
Reprenant sa route d'un pas agile, la tête pleine de souvenirs et le coeur léger, il eu juste le temps d'envoyer une boule de feu sur l'argonien qui, sans nul doute, ferait un repas de choix pour les nombreux prédateurs de la région.
Puis, alors qu'il n'avait rien appris depuis plusieurs semaines, la bonne fortune frappait enfin à la porte du dunmer. Sa curiosité fut en effet aiguisé lorsqu'il entendit prononcer le nom d'Arador Dayn, dans une taverne de Coeurébene. La rumeur parlait d'un rituel dunmer sur une petite ile au nord de la ville...
Une fois sur place, sans se faire remarquer, il trouvait amusant de regarder le seul homme du groupe, à la coiffure improbable, gesticuler dans tous les sens. Cela devait probablement être le laquais chargé de chasser les éventuels rongeurs qui auraient pu perturber le bon déroulement de la cérémonie.
Mais l'attention d'asanotis se focalisait bien vite sur le frêle dunmer, légèrement en retrait. Vétu d'une toge à capuche, il était tout d'abord difficile de cerner son visage. Lorsque celui ci apparut l'espace d'un instant, laissant transparaitre des traits et des yeux à la couleur particuliere...
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Asanotis decidait d'attendre quelques jours avant de se présenter au fameux manoir dont lui avait parlé un habitué de la taverne de Coeurébene, Frediutz. Ce dernier avait semble t'il été un peu troublé à sa vue... probablement à cause d'une ressemblance frappante avec une personne qu'il connaissait déja.Une aura de mystère entourait le dunmer. Un léger sourire en coin caractéristique de sa personne, il frappa à la porte de la demeure, non sans recouvrir avec agilité le médaillon telvanni qu'il portait autour du cou.