Maëfarayn, son visage laissant transparaître la fatigue, venait tout juste de descendre l'escalier qui menait des quartiers privés dans l'atrium. Elle portait une cape sombre mais d'un tissu assez léger et apparemment agréable à porter qui dévoilait à chacun de ses pas le tissu soyeux de sa robe blanche.

C'est en se dirigeant vers la porte d'entrée apparemment dans l'intention de sortir du Manoir qu'elle croisa Ralen et l'apostropha, en essayant de sourire le plus naturellement possible.

- Ju'rohn... *elle jeta un coup d'œil à l'intérieur de la Salle des Registres, puis se concentra à nouveau sur Ralen* L'Ancien Omoril l'avait laissée dehors et je pense que c'était la bonne chose à faire... Vous croyez vraiment que c'est le moment d'accueillir des... étrangers dans nos murs... ? Nous n'avons pas déjà assez à faire que d'accueillir des... marchands de tapis... ?

Elle releva la capuche de sa cape et ouvrit la porte, bien décidée à sortir.

Surpris par la réaction véhémente de la Maîtresse Régente, Ralen s'intercala brusquement entre elle et la porte et lui lança sur un ton sec :

Et sortir seule, affaiblie comme semblez l'être, par les temps qui courent, cela vous parait être une bonne idée ?... J'en doute fort moi aussi.

Adoptant un ton plus calme, il tenta de raisonner son interlocutrice.

Cette jeune femme n'est pas une marchande de tapis, elle apporte avec elle de précieuses reliques dwemer, avouez que la différence est notable. En outre, si un quelconque danger guette le manoir, cette marchande est plus en sécurité ici que dehors... L'Arador Dayn ne traite pas les dunmers comme des n'wah.

Puis il invita Maëfarayn à jeter une fois de plus un coup d'œil dans le bureau des registres pour constater la jeune femme assise sur un des fauteuils, calme et silencieuse.

Et puis, elle ne dérange personne... Pas comme les nombreux derniers invités qui ont foulé le sol de ce manoir.

Les yeux de la Sorcière brillèrent d'un éclat lunaire.

- Si vous tenez à la sécurité du Manoir, je me dois de sortir, que vous trouviez l'idée bonne ou non.

Maëfarayn parlait sur un ton ferme.

- Quant à cette marchande, ce n'est peut-être pas une n'wah, mais à ma connaissance personne ne l'a jamais vue auparavant. Pouvez-vous être sûr de son honnêteté et de sa bonne foi ? Qui nous dit qu'elle n'est pas une amie de celui qui a oublié l'autre jour ce... bel objet dwemer ? La connaissez-vous personnellement ? Pouvez-vous vous porter garant d'elle ?

Son regard était fixé dans celui de Ralen.

Ralen resta calme et serein devant à la porte, l'énervement de la telvanni ne l'impressionnait pas, des mages, ils en avait connu beaucoup et tous avaient ce brin de sang chaud qui les caractérisent si bien.

L'instinct, Dame Ihfihn, l'instinct est une chose que les redorans apprennent depuis le plus jeune âge et c'est probablement la faculté qu'ils maîtrisent le mieux lorsqu'ils atteignent, comme moi, plus de 100 ans d'âge. Vous les mages avaient puissance et destruction, mais d'instinct vous manquez cruellement.

Sous sourciller, il poursuivit sans hausser le ton.

J'ai déjà passer plus d'une heure à discuter avec cette jeune marchande et mon instinct me dit qu'elle n'est ni un danger ni un problème pour l'Arador Dayn. Au contraire même...

Urven descendait les escaliers de l'étage. Il vit Maëfarayn et Ralen en grande discussion devant la porte d'entrée. Il espérait sortir pour sa chevauchée matinale mais il ne voulait pas interrompre les deux Dunmer. Hésitant sur la marche à suivre, il remarqua la porte de la salle des Registres entrouverte. Il passa la tête et ne fut pas surpris d'y trouver la visiteuse. Poussant la porte, il s'adressa d'un ton calme et égal à Yahni.

- Vous avez fini par entrer, sera. Vous avez déjà rencontré la Régente et le Maître ? Urven désigna de la tête les deux Dunmer dans l'Atrium.

Yahni tourna la tête avec nonchalance lorsqu'elle entendit quelqu'un entrer à demi.

"Ah c'est vous, l'homme d'hier. J'attend encore d'être reçue." lui dit-elle sur un ton las accompagné d'un faible geste de la main. Malgré cela elle ne semblait pas énervée ou agacée par la situation. Son taux de patience s'épuisait juste lentement mais sûrement.

"Merci pour votre sollicitude." conclut-elle en détournant la tête. Waw, ça faisait un moment qu'elle n'avait pas eu recours à ce genre de langage soutenu.

Urven sourit, remarquant le ton fatigué de la Dunmer.

- Vous êtes dans la place, c'est déjà une bonne chose, non ? La patience est de mise dans cette Maison. Le temps a peu d'emprise sur les résidents, et ils adorent les objets anciens. Vous serez donc récompensée pour vos, hum... Efforts ?

Urven marqua une pause et posa un index sur son menton en observant la jeune fille.

- Je vais vous faire servir un repas. Le Maître et la Régente n'en ont plus pour longtemps.

Urven inclina légèrement le buste et pivota sur lui-même.

Maëfarayn ne put s'empêcher de sourire en coin, amusée.

- Et bien, Maître Ralen... on dirait que vous êtes tombé... sous son charme... et je vois que cette cueillette vous a... hmmm... revigoré... ?

Elle parla à nouveau sur un ton ferme.

- L'instinct ? Peut-être que vous en avez plus que moi, mais vous semblez oublier que, d'une part, le Manoir est en état d'alerte, et d'autre part nous avons déjà une personne à l'intérieur de l'enceinte qui est un véritable danger en puissance que vous le pensiez ou pas. Je lui ai d'ailleurs fait aménager ses quartiers dans l'une des maisons qui est normalement attribuée aux domestiques car le moins de temps il passe à l'intérieur du Manoir, le mieux ce sera pour nous tous.

Elle marqua une légère pause, puis continua sur le même ton.

- Que votre instinct vous dise que cette marchande est fiable ou pas, peu importe. Le bon sens devrait vous suggérer de ne pas la laisser entrer dans nos murs et d'étudier sa marchandise dans cette même écurie où vous avez fait sa rencontre, ou tout simplement dans le jardin afin de ne pas faire courir à tous de risques inutiles.

Elle s'avança à nouveau vers la porte.

- Encore une chose. Il y a quelques mois en arrière vous m'avez confié la Régence d'Arador Dayn ce qui prouve que vous avez assez confiance en moi pour savoir que si je vous dis que je me dois de sortir afin d'assurer au mieux la protection de ce lieu, ce n'est pas pour aller me balader.

L'expression de son visage s'adoucit et elle lui sourit en employant un ton bien plus pausé.

- Je n'en aurai pas pour longtemps et à mon retour je viendrai vous rejoindre dans le jardin pour étudier avec vous ces artefacts que nous propose cette marchande et qui, je l'espère, en voudront la peine.

Elle posa la main sur la poignée de la porte en lui faisant un charmant sourire.

- Vous permettez... ?