Tandis que le bruit ambiant des discussions résonnait dans la salle de l'âtre et aux abords de l'atrium, l'écho angoissant d'une porte qui grince se répercuta soudainement dans les couloirs étroits du manoir et vint essouffler ses derniers sons dans l'embrasure de la salle commune. Ce n'était pas n'importe quelle porte qu'on put entendre grincer longuement, c'était la lourde porte aux montants d'ébène verte et aux pentures d'acier usé qui séparait les quartiers du Grand Maître du reste du manoir... et elle n'avait pas été ouverte depuis longtemps...
Un long instant de silence s'en suivit, seul un fin bruissement de tissu suivi d'un courant d'air traversa les obscurs couloirs de la demeure et fit tressaillir les flammes crépitantes de l'âtre.
Enfin, sans aucun bruit de pas pour la précéder, une fine et haute silhouette apparut discrètement dans l'entrée de la salle de l'âtre, comme si la pénombre elle-même s’aggloméra en quelque chose de palpable, de visible à travers les lueurs hésitantes du feu. Ainsi donc, la personne rare, intrigante et ancienne qu'était Ralen Venim, vint à apparaître dans la salle de l'âtre.
Sa barbe fine et coiffée soutient un visage dur et ses sourcils en pointes laissent paraître un regard à la fois féroce et compatissant. Sa longue robe pourpre aux multiples dorures et arabesques inquiétantes le drape du col jusqu'aux pieds et ses mains, cachées sous de larges manches évasées, s'illuminant parfois sous les reflets de ses nombreuses bagues.
D'une voix lente et presque monocorde, même si empreinte d'une habituelle mais subtile ironie, le Grand Maître prit alors la parole :
La courtoisie de cette demeure a nettement perdu de sa superbe ! Laissant planer un court silence comme pour juger l'ensemble des convives... J'entends, indigné, depuis les hauteurs de mes quartiers, l'agressif sarcasme des Rédorans, la vanité déplacée des ygwans et les fanfaronnades aussi théâtrales que ridicules des damnés assoiffés de sangs... Cela me désole de l'avouer, ma dame, mais il n'y a, en ce jour-ci, que les Telvannis *bref regard vers Maëfarayn* qui fassent honneur aux diligences et aux politesses qui ont fait jadis la réputation de ma maison et de notre ordre...
Il s'approche alors de l'invité et finit par s'incliner légèrement en signe de salut et de respect.
Je vous prie d'accepter mes excuses pour cet accueil des plus déroutants et vous invite sans plus attendre à déguster une tasse de thé chaud, qui saura, à n'en point douter, revigorer vos forces perdues après un si long voyage...
Il tire alors vers lui, sans quitter la dunmer du regard, une petite desserte où gît une théière encore fumante et les quelques tasses qui l'accompagnent. D'un geste gracieux, il en remplit une finement décorée de motifs daedriques et la tend vers l'invitée.
Bienvenue au manoir de l'Arador Dayn... je suis Ralen Venim, enchanté de faire votre rencontre, dame... ?
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